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éric werner - Page 3

  • Complots : en voir partout ou n’en voir nulle part ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°181, décembre 2019 - janvier 2020) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à l'identité, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec le politologue Jérôme Sainte-Marie, l'écrivain Renaud Camus, le philosophe Eric Werner, et les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Ludovic Maubreuil, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers et d'Yves Christen...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

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    Au sommaire :

    Éditorial

    Le déni par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’Entretien

    Jérôme Sainte-Marie : il n’y a pas de plafond de verre pour Marine Le Pen
    Propos recueillis par François Bousquet

    Cartouches

    Portraits de l’Amérique en jeune morte, le regard d’Olivier François

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Sterling Hayden, un Viking à Hollywood, par Ludovic Maubreuil

    Carnet géopolitique : la chute de l’empire des airs, par Hervé Juvin

    Nous n’irons plus à Wagram, par Laurent Schang

    Les leçons de Delphes (2/4) : Apollon et Dionysos, par Fabien Niezgoda

    La bitch, par Bruno Lafourcade

    Économie, par Guillaume Travers

    Bestiaire : À cache-cache, faits comme des rats, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Piketty, un « économiste » surcoté, par Guillaume Travers

    Le dictionnaire du populisme, par François Bousquet

    Quand la culture pop anglaise vote contre Bruxelles, par Christophe A. Maxime, Joséphine Brisset et Nicolas Gauthier

    La crétinisation digitale en marche, par Jean-Henri d’Avirac

    Vers la « brooklynisation » du monde ? par Marie Chancel

    Xavier de Langlais ou l’essence de la Bretagne, par Olivier François

    Élisée Reclus, l’éducateur romain et nietzschéen, par Rémi Soulié

    Renaud Camus : le Petit Remplacement, propos recueillis, par Fabien Niezgoda

    Ni trusts, ni soviets : entretien croisé avec 4 « ex » qui ne regrettent rien, propos recueillis par François Bousquet

    Éric Werner et l’autodéfense intellectuelle, propos recueillis par Slobodan Despot

    Erik L’Homme, un chamane en poésie, par François Bousquet

    Bruno Dumont sur les traces de Péguy, par Ludovic Maubreuil

    Evgueni Zamiatine, le bonheur dans une prison de verre, par Fabrizio Tribuzio-Bugatti

    Sur les traces de l’homme qui voulut être roi, par Fabien Niezgoda

    Paroles corsaires : les cendres de Pasolini, par David L’Épée

    Murray Bookchin, du communisme au communalisme, par Thomas Hennetier

    Dossier

    Complots : en voir partout ou n’en voir nulle part ?

    Oui aux complots, non au complotisme, par François Bousquet

    Dis, raconte-moi un complot s’il te plaît…, par Éric Grolier

    Onze complots : pseudoscience, paranormal et satanisme, par Guillaume Travers et David L’Épée

    Onze complots : pseudo-histoire et magie noire, par Guillaume Travers et David L’Épée

    Onze complots biens réels, par Guillaume Travers et Pascal Eysseric

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : le repli analogique, par Slobodan Despot

    Un païen dans l’Église : l’église Saint-Cibard à Coutures-sur-Dropt, par Bernard Rio

    Séries télé & politique : Succession, par Pascal Eysseric

    L’anti-manuel de philosophie : la vérité dépend-elle de nous ? par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : à bord du Transsibérien, par Anne-Laure Blanc

    C’était dans Éléments : enquête sur le roman noir, par Jean-Pierre Deloux

    Éphémérides

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  • Macron, la grande dérive autoritaire et liberticide...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°179, août 2019 - septembre 2019) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à la dictature du droit, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec l'économiste François Lenglet, l'écrivain Edouard Limonov, les politologues Jérôme Fourquet, Pierre Vermeren et Michel Drac ou le romancier Bruno Lafourcade, et les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin et d'Yves Christen...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial           

    Tourisme, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    François Lenglet :  « Non, le libre-échange ne mène pas nécessairement à la paix », propos recueillis par Alain Lefebvre

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Requiem pour Saint-Marsan

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Le renversement du monde, par Hervé juvin

    Champs de bataille : Les Tercios meurent à Rocroi (I), par Laurent Schang

    Théâtre : Louis XIII ou La Conspiration de Cinq-Mars, par Michel Marmin

    Nos figures : L'humoriste, par Bruno Lafourcade

    Économie , par Guillaume Travers

    Bestiaires : Les sciences cognitives découvrent le chat, par Yves Christen

    Sciences

    Le combat des idées

    Le mal français : l'analyse de Jérôme Fourquet et Pierre Vermeren, propos recueillis par François Bousquet et Thomas Hennetier

    En finir avec le bougisme, par Jean-Philippe Antoni

    Le chanoine Rosanvallon, l'hiver de la Deuxième gauche, par Fabrice Moracchini

    Islamophobie : les vérités dérangeantes de Philippe d'Iribarne, par Pascal Esseyric

    Entretien avec Bruno Guigue : Trump et les néo-conservateurs, propos recueillis par David L’Épée

    La haine du peuple à travers les âges, par Pascal Esseyric et David L’Épée

    Les Gilets jaunes vus de gauche, par David L’Épée

    Guillaume Tell en père des Gilets jaunes, par Pascal Esseyric

    Les années 1970 qu'on aime, par Olivier François

    Les muses de Ludovic Maubreuil, par Pascal Esseyric

    Nous les avons tant aimées, nos neuf muses, par Ludovic Maubreuil

    Entretien avec Moritz Gerber : Turenne sur la selette, propos recueillis par Laurent Schang

    Bruno Lafourcade, entrepreneur de démolitions, propos recueillis par Olivier François

    Edouard Limonov, confidences et souvenirs d'un national-bolchevik, propos recueillis par François Bousquet et David L’Épée

    Une nouvelle génération de revues à découvrir, par David L’Épée

    Un hommage inspiré aux romans d'aventure, par Michel Marmin

    Un voyage au bout de l'Enfer de Dante avec Michel Orcel, propos recueillis par Michel Marmin

    Orwell, un coeur rebelle, par Michel Loussouarn

    Dossier

    Macron décrypté

    Macron, le pouvoir absolu de l'empire du management, par Slobodan Despot

    L'éclairage au laser de Michel Drac sur le macronisme, propos recueillis par Pascal Esseyric

    Le blanquérisme, avatar éducatif du macronisme, par Roger Chudeau

    Macron, une dérive autoritaire, par Eric Werner

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Un païen dans l'église : Saint-Loup-de-Saintonge, par Bernard Rio

    Séries télé &politique : Black Mirror, par Xavier Eman

    L'anti-manuel de philosophie : la pluralité des cultures, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : la villa du Casale, par Anne-Laure Blanc

    C’était dans Éléments : hommage à Salvador Dali, par Arno Breker

    Éphémérides

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  • Légitimité de l'autodéfense...

    Les éditions Xénia viennent de publier un essai d'Eric Werner intitulé Légitimité de l'autodéfense. Philosophe politique, adepte d'une pensée claire et rigoureuse, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017). Contributeur régulier d'Antipresse, il publie également de courtes chroniques sur l'Avant-blog.

     

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    " « Les pages qui suivent traitent d’une espèce particulière de guerre, celle dont le sujet est l’individu lui-même.
    Car, effectivement, il peut arriver que l’individu lui-même devienne le sujet de la guerre. Cela arrive. Traditionnellement, c’est l’État qui est le sujet de la guerre. C’est lui qui fait la guerre, et, avant même de la faire, qui la déclare. Qui désigne l’ennemi, comme le disait Carl Schmitt. On connaît toutes ces choses. C’est ce que dit la théorie. Or comme bien souvent, la pratique contredit ici la théorie. »

    Lorsque l’État perd son monopole de la violence physique légitime, ou qu’il n’est plus en mesure de l’assurer, tous les coups sont-ils permis? Puisant dans l’histoire et la pensée classiques, Eric Werner montre que tous les grands dilemmes de l’humanité ont déjà été vécus et médités. Cet essai de philosophie politique est en même temps un appel au réveil. Il nous aide à comprendre que l’État protecteur n’est plus là."

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  • Sur l'effondrement qui vient...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur le site d'Antipresse et consacré à la crise climatique et à l'effondrement sur lequel elle doit déboucher.

    Penseur subtil et profond, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013) ou Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Sur l'effondrement qui vient

    La crise climatique inquiète, et à juste titre. Car elle est bien réelle. On ne peut plus aujourd’hui dire, comme l’ont longtemps fait (et continuent d’ailleurs encore à le faire) certains (ceux qu’on appelle les «climatosceptiques»), qu’elle n’existe pas. Oui bien sûr qu’elle existe. En sous-estimer la gravité est même d’une particulière stupidité.

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  • Violences policières : la revanche des faibles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur Antipresse et consacré à la question des violences policières face au mouvement des Gilets jaunes.

    Auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013) Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Violences policières : la revanche des faibles

    De plus en plus on se rend compte que les gouvernants européens ont tendance à traiter leurs propres populations comme autrefois les anciennes métropoles coloniales, à ce qui se dit aujourd’hui, traitaient les peuples colonisés. Ce retournement endocolonial vient de trouver son illustration dans les récents débordements policiers en France, qui ont surpris tout le monde par leur ampleur. Mais peut-être ne faut-il y voir qu’une élucubration complotiste.

    On dit volontiers que l’État est le détenteur de la violence physique légitime. Mais on s’accorde en même temps à dire que lorsque l’État en vient à recourir à la violence, ce n’est jamais très bon signe : très bon signe pour lui. Car il montre ainsi qu’il n’arrive pas autrement à se faire obéir. En d’autres termes, qu’il est très faible.

    Qui plus est, le recours à la violence contribue à l’affaiblir davantage encore. Hannah Arendt a écrit de très belles pages à ce sujet (1). Le recours à la violence est peut-être payant à court terme, mais si l’on prend en compte ses effets à moyen ou long terme, l’État a plutôt intérêt à s’en abstenir.

    C’est à tout cela que l’on pense en voyant le déchaînement actuel de la violence policière en France. Il n’en est bien sûr que très peu question dans les chaînes d’information officielles. Pour s’en faire une idée un peu précise, il faut aller sur l’internet (2), et en particulier consulter certains sites spécialisés (ceux-là mêmes sur lesquels les chaînes en question ne cessent, en permanence, de déverser leur venin, au motif qu’ils diffuseraient de « fausses nouvelles » : belle actualisation, n’est-ce pas, de la parabole de la paille et de la poutre).

    D’abord quelques chiffres. On apprend ainsi qu’entre le 17 novembre et le 6 janvier, près de 2000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre en France. Parmi elles, au moins 93 blessés graves. Certaines, 13 au total, ont été éborgnées, d’autres encore défigurées ou ont perdu un membre. Beaucoup de ces blessures sont dues à l’utilisation d’armes comme les lanceurs de balles de défense (LBD) : arme qui n’est utilisée par aucune autre police européenne.

    Il semble également que des grenades offensives aient été utilisées pour l’occasion, alors même, on s’en souvient, que cette arme avait causé il y a cinq ans la mort d’un militant écologiste lors d’une manifestation à Sivens.

    Toujours au cours de la même période, pas moins de 5339 personnes ont été placées en garde à vue, certaines, comme le montrent des vidéos, après avoir été plaquées au sol et menottées dans le dos. Plus de 400 l’avaient déjà été le 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes. Ces personnes étaient pour la plupart des manifestants pacifiques ou même de simples passants. Notons à ce propos que les forces de l’ordre recourent volontiers en France à la stratégie de l’encerclement, ce qui leur permet de maximiser le nombre des arrestations. En bon français, cela s’appelle une rafle.

    On signale également le cas d’un gilet jaune arrêté chez lui en pleine nuit par des policiers du RAID, après que ces derniers eurent défoncé sa porte. Rappelons que le RAID est un service de police spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, les manifestations de gilets jaunes n’ont rien à voir avec le terrorisme.

    Voilà donc ce qu’on apprend sur les sites susmentionnés. On comprend mieux à partir de là la hargne des chaînes officielles à leur endroit, en même temps que l’intention souvent prêtée aux dirigeants français actuels de les interdire purement et simplement, au risque de se voir accuser, à tort bien sûr, de vouloir instaurer en France un régime orwellien, avec contrôle total de l’information. Encore une élucubration complotiste.

    La violence policière est en France une constante historique. On pense ici bien sûr à la Commune de 1871, et en remontant plus haut encore dans le temps aux journées de juin 1848. De la répression sanglante de juin 1848, un historien disait il y a une vingtaine d’années qu’elle avait « influé sur l’évolution de la société française jusque sous la Ve République, non pas en dépit mais à cause de son refoulement, qui a empêché qu’elle ait été repensée théoriquement » (3). On pourrait également évoquer dans ce contexte la période 40-45 (elle aussi refoulée), mais aussi les guerres coloniales du XXe siècle, guerres, selon certains auteurs, qui ont directement inspiré la doctrine française actuelle en matière de maintien de l’ordre (4). Les mêmes méthodes que celles autrefois utilisées contre les anciennes populations colonisées le seraient donc aujourd’hui contre les citoyens français eux-mêmes.

    Ce qu’il y a de dangereux dans la situation présente, ce n’est pas seulement que beaucoup de choses, effectivement, dorment dans l’inconscient collectif : elles y dorment donc, et donc également sont prêtes, en toute occasion, à refaire surface. Les LBD, ou le retour du refoulé. Parallèlement aussi, on pourrait évoquer certaines attitudes et comportements, attitudes et comportements qui ne sont pas sans lien avec le racisme social aisément repérable chez nombre de représentants de la classe possédante au XIXe siècle. Car, on le sait, la haine de classe fonctionne dans les deux sens. Les dérapages à répétition du président Macron dans ce domaine le montrent bien. On les interprète volontiers comme des provocations, mais peut-être faudrait-il y voir surtout des lapsus, lapsus lui échappant sans qu’il y fasse trop attention. En cela même, d’ailleurs, d’autant plus significatifs.

    Ainsi, le 27 juin 2017, peu de temps donc après son intronisation, ne déclarait-il pas : « Une gare c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est moins, il est vrai, ici la haine que le mépris qui est ici en cause. Ce représentant choisi de la suprasociété dit ici ouvertement ce qu’il pense de certains de ses concitoyens : ils ne sont rien. Or il n’est de loin pas seul à le penser. Voyez par exemple comment les médias mainstream, sous couvert de défense de la société ouverte et de lutte contre ses ennemis, se permettent de parler des partis dits « populistes » et de leurs électeurs. On ne peut même plus ici parler de partialité. Les insultes coulent à jets continus. Les « populistes » écoutent, la plupart encaissent, mais certains non : ils n’encaissent pas. Il ne faut pas s’étonner ensuite s’ils entrent en insurrection.

    La IIe République française, responsable des massacres de l’été 48, était un régime faible, passablement brinquebalant même. Quatre ans plus tard il cédera la place au Second Empire. Ceci explique sans doute cela. En 1871, rebelote. La France venait de perdre une guerre, celle qu’elle avait elle-même déclenchée contre la Prusse. Le régime issu de cette défaite, une autre république, avait donc une revanche à prendre : revanche qu’elle prit sur sa propre population. Ce fut la « semaine sanglante » : 20’000 prisonniers passés par les armes. A défaut d’être capables de défendre le pays contre l’ennemi extérieur, les pouvoirs en place, en France, sont volontiers tentés de se refaire une santé aux dépens de l’ennemi intérieur : les gens qui ne sont « rien ». Chacun mesure aujourd’hui le zèle que met le président Macron à défendre les frontières de la France et son autonomie dans tous les domaines.

    Eric Werner (Antipresse n°164, 20 janvier 2019)

     

    NOTES
    1. Cf. en particulier les textes réunis sous le titre : Du mensonge à la violence, Calmann-Lévy, coll. Pocket, 2012.

    2. Cf. l’entretien d’Aude Lancelin avec David Dufresne, Le Média, 7 janvier 2019.

    3. Dolf Œhler, Le spleen contre l’oubli. Juin 1848, Payot, 1996, p. 28.

    4. Cf. Mathieu Rigouste, La domination policière, Une violence industrielle, La fabrique, 2016. En 1951 déjà, dans la première partie de The Origins of totalitarianism, Hannah Arendt avait relevé cet effet boomerang du colonialisme. Paul Virilio reprendra plus tard cette thématique dans L’Insécurité du territoire (1993).

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  • Services publics...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli dans le n°108 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. L'auteur évoque la dégradation de la qualité des services publics qui va de concert avec l'augmentation de leur coût...

    Auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013) Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Services publics

    Que veut réellement l’État au XXIe siècle? Pour qui roule-t-il? Et pourquoi rafle-t-il toujours plus d’impôts pour fournir toujours moins de prestations?

    Dans la dernière décennie du siècle précédent, l’État décida de se réorganiser pour faire des économies. C’est son développement même qui l’y contraignait. Il devait également faire face à de nouvelles dépenses (à l’international en particulier). Or, pour y parvenir il lui fallait impérativement réduire ses dépenses en certains secteurs. Il aurait pu également, c’est vrai, augmenter les impôts. Ce qu’il fit, d’ailleurs. Mais sa marge de manœuvre en la matière était limitée: trop d’impôt, comme on le sait, tue l’impôt. Il s’employa donc surtout à réduire certaines dépenses.

    On cessa par exemple de considérer que la poste, le téléphone et les chemins de fer étaient des services publics, et qu’à ce titre l’État se devait de veiller à combler la différence entre ce qu’ils coûtaient et ce qu’ils rapportaient. La poste, le téléphone et les chemins de fer devinrent ainsi des entreprises comme les autres, assujetties comme les autres à des critères de profit et de rentabilité. Elles devaient au minimum équilibrer leurs comptes, au mieux dégager une plus-value. Autrefois l’argent allait de l’État aux services publics, maintenant c’était le contraire: il allait de la poste, du téléphone et des chemins de fer à l’État.

    Les personnels furent ainsi invités à travailler plus pour gagner moins. Les cadences augmentèrent, à l’image de ce qui se passait au même moment dans le secteur privé. Les personnels s’adaptèrent, ils n’avaient pas le choix. Certains tombèrent malades, d’autres se suicidèrent. Quant aux anciens usagers, rebaptisés clients, ils furent invités à mettre la main au porte-monnaie. Les tarifs explosèrent, ce que les nouveaux managers (on fait ici référence au «New public management», un courant de pensée issu du néolibéralisme) justifièrent en invoquant la «vérité des coûts». Cela nous a coûté tant, cela vous sera facturé tant. Plus, comme il se doit, un petit bénéfice pour nous permettre «d’investir», autrement dit de récompenser l’État actionnaire en lui versant un dividende. Là encore, les gens s’adaptèrent.

    On a évoqué plus haut la pression fiscale. Normalement, elle aurait dû diminuer, puisque l’État avait renoncé à combler la différence entre ce que coûtaient les services publics et ce qu’ils rapportaient. Mais l’État ne l’entendait évidemment pas de cette oreille. Non seulement les impôts ne diminuèrent pas, mais ils continuèrent régulièrement d’augmenter. Les individus se virent ainsi confrontés à une double hausse: celle des tarifs des services publics, d’une part, de leur feuille d’impôt de l’autre. Les gens acceptèrent.

    Parallèlement, comme on pouvait s’y attendre, on assista à une baisse de la qualité des services fournis. Prenons l’exemple du téléphone. Les technologies ont évidemment beaucoup évolué depuis une trentaine d’années. Tout le monde ou presque dispose aujourd’hui d’un téléphone cellulaire, le plus souvent également d’un smartphone, etc. Le téléphone offre ainsi beaucoup plus de possibilités qu’il n’en offrait il y a une trentaine d’années. Mais tout, en même temps, est devenu beaucoup plus fragile (pour ne pas dire chaotique). C’est le cas même avec le téléphone fixe. Pour réduire ses coûts, l’opérateur Swisscom vient, on le sait, de renoncer à l’ancienne technologie analogique, pour lui en substituer une autre, articulée à Internet. La conséquence en est que le téléphone tombe assez souvent maintenant en panne, ce qui n’était pas le cas autrefois. La péjoration est évidente.

    Mais on en voit aussi la cause. L’ancienne technologie donnait pleine et entière satisfaction. Mais elle coûtait trop cher aux yeux de l’opérateur. Celui-ci lui en a donc substitué une autre moins coûteuse, mais aussi plus fragile. Le résultat est là. On ne se demande plus si quelque chose fonctionne ou non, mais si les technologies qu’on utilise contribuent ou non à accroître le bénéfice de l’entreprise. A terme, il est probable que le téléphone fixe sera purement et simplement supprimé. Il rapporte en effet beaucoup moins aux opérateurs que le téléphone portable. Il sera alors temps de dresser un bilan, et pour cela de comparer le champ de ruine ainsi créé à l’excellent réseau téléphonique des années 70 et 80 du siècle passé, réseau auquel 90 % des gens étaient alors raccordés. L’ancien appareil à cadran manuel était simple, rudimentaire, mais au moins fonctionnait-il.

    On parle aujourd’hui beaucoup du train: trains en retard, supprimés, immobilisés, etc. Les dysfonctionnements aujourd’hui observés sont systémiques. Ils tiennent fondamentalement au fait que les autorités encouragent les gens à habiter de plus en plus loin de leur lieu de travail, et donc à prendre de plus en plus le train. Or les infrastructures n’ont pas suivi. D’où les dysfonctionnements actuels. L’actuel réseau ferroviaire est saturé. On pourrait être tenté d’incriminer l’incompétence des responsables, leur imprévoyance, etc. Mais on pourrait aussi dire qu’ils ont toujours su très bien ce qu’ils faisaient. Créer des infrastructures coûte cher.

    Cela interpelle sur ce qu’est aujourd’hui l’État. Sur ce qu’il est et sur ce qu’il veut. L’État ment, disait Nietzsche. «Il ment froidement, et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: «Moi, l’État, je suis le Peuple». [1] L’État n’est évidemment en rien le Peuple. Il est l’État. Quoi qu’il dise ou prétende, il ne se soucie en rien non plus du Peuple. De quoi alors se soucie-t-il? De lui-même, tiens donc. De lui-même et de rien d’autre. Il est à lui-même sa propre fin. Tout ce qu’il fait et entreprend, il le fait d’abord pour lui-même. Nietzsche encore: «L’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal; et dans tout ce qu’il dit, il ment – et tout ce qu’il a, il l’a volé. Tout en lui est faux; il mord avec des dents volées». Ce qui se passe aujourd’hui est donc normal, on ne peut plus normal. Le «New public management» n’a rien inventé. Il met simplement en forme, juste en forme, ce qui est la manière normale et habituelle d’agir de l’État.

    Voilà ce que les gens devraient se dire quand, par exemple, pauvres pendulaires en attente d’un train qui ne vient pas, ils gèlent sur un quai de gare en consultant leurs mails professionnels.

    Encore une fois, ce qui frappe, c’est la résignation générale. Les gens avalent tout, acceptent tout. Ils croient aussi tout ce que l'État leur raconte. On pourrait se demander pourquoi: pourquoi une telle propension à la résignation? La lassitude est peut-être une explication. Peut-être aussi l’absence de perspective. L’inculture empêche de porter une appréciation articulée sur ce qui est acceptable ou inacceptable. On manque de points de comparaison. N’oublions pas non plus la peur. Les gens ont peur des autorités. Et donc se taisent. C’est aussi une explication possible.

    Eric Werner (Antipresse n°108, 24 décembre 2017)

    NOTE

    1. Ainsi parlait Zarathoustra, I, «De la Nouvelle Idole» (Œuvres complètes, t. II, Bouquins, Robert Laffont, 1993, p. 320).
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